Avant, j'avais une objection de principe à aller vivre à Paris.

Maintenant, j'ai une objection de fait à cause de tous ces proprios qui se permettent de te demander un dossier long comme le bras alors que c'est illégal parce qu'il y a plus de demande que d'offre et que c'est eux qui ont le pouvoir.
Va les implorer de te louer quand même parce que tu es une gentille fille sérieuse et soignée à qui on a d'abord proposé un CDD de 3 mois, qui débarque de la province en ayant moins de 10 jours pour trouver mieux qu'un clic clac chez un pote ou un pilier de pont et qui n'a pas les fiches de paye des 3 derniers salaires puisqu'elle est tout juste diplômée.

Au fait, j'ai trouvé un travail. A Paris.

J'y ai bien réfléchi et je pense que c'est tout à l'heure, à faire du air guitare sur du Damien Robitaille avec les mains orange vif, la tête enroulée dans de l'aluminium et avec une vielle chemise de mon oncle que j'étais vraiment le plus à mon avantage.

D'ailleurs, j'attends de pied ferme la horde de beaux mâles qui ne devrait pas tarder à se présenter à la porte de la maison pour implorer ma main à genoux.

"C'est l'heure de la valise mais tout est éteint."
"Parce que tu fais ta valise dans la cuisine maintenant ?"
"C'est le seul endroit où je peux plier mes chemises."
"Y'a une table à repasser."
"Y'a des pommes sur la table à repasser."
"Y'a des pommes sur la table à repasser ?!"

Juste un dimanche soir ordinaire.

"Si tu les repassais, certains de tes vêtements prendraient tout de suite de la valeur."

Du bonheur d'être retournée chez papa-maman.